Le travail engagé depuis plusieurs années par plusieurs membres de l’UFISC (FEDELIMA, FAMDT, THEMAA, CITI, FRAAP…) a amené le comité de pilotage de la démarche “AJITeR par la culture” à questionner dès le début du projet les catégories à observer afin d’affiner nos analyses et nos propositions.
Parallèlement, la crise sanitaire, loin d’être un épiphénomène, est venue valider nos constats et mettre en exergue des problématiques sociales et sociétales déjà anciennes. Elle appelle à une évolution nécessaire de nos modèles de développement de nos société, réflexions que nous menons depuis longtemps au sein de nos milieux artistiques et culturels, qui passe notamment par la nécessité de bousculer nos représentations des territoires ruraux et de leurs habitant·e·s, des arts et de la culture.
Les crises systémiques que nous traversons ne trouverons pas d’issue durable par de simples ajustements des politiques actuelles, mais obligent à repenser nos façons d’appréhender, de penser et de concevoir nos activités et nos pratiques artistiques, culturelles, politiques, économiques, sociales…
Le travail, mené à travers les temps collectifs de rencontres publiques et les réunions en groupe de travail et autres comités de pilotage, a permis de questionner les définitions trop étroites, les visions univoques, les évidences et les clichés liés à la ruralité, aux habitants de ces territoires ou à la culture pour éviter les formes multiples d’assignations. Il nous a amené à interroger et déconstruire les périmètres et les appartenances, à tenter une lecture des enjeux et des évolutions.
Le repérage des impasses du modèle actuel et des initiatives à l’œuvre a l’ambition de permettre une prise de recul pour accompagner les mutations en cours et souhaitables. Pour cela, il nous semble important d’adopter une définition très ouverte de la notion d’innovation pour observer les besoins et les processus qui émanent localement des territoires eux-mêmes, pour sortir d’une vision mortifère de territoire « support » ou « décor » et aller vers celle d’un territoire « milieu de vie », épanouissant et en constante mutation. Cela a conduit le collectif à aborder le sujet par des approches autour de la diversité et des singularités, en prenant en compte la personne, sa capabilité et ses multiples interactions avec les autres et les territoires.
Le collectif a ainsi pu envisager le “développement” des territoires sous l’angle de la contribution, des solidarités et des communs à investir. Ces dynamiques induisent de dépasser la conception d’une politique publique verticale, centralisée et en silo, pour se placer dans la perspective d’un acteur public facilitateur et accompagnateur, pour créer les conditions d’émergence, de développement et d’expérimentation des initiatives, des énergies et des richesses locales.
Des processus et dispositifs publics innovants sont à expérimenter et promouvoir pour s’engager activement dans une transition sociale, solidaire et soutenable des territoires. Les initiatives artistiques et culturelles y ont leur place à prendre, aux côtés des autres domaines d’activité, dans un dialogue renouvelé avec les décideurs publics.